En 1918, Marcel Mougin était soldat de 2ème classe dans le 216ème régiment d'Infanterie. Ce corps d'armée faisait partie de la 63ème Division d'Infanterie.
Voici l'histoire de cette division en juillet 1918 lorsque Marcel Mougin a trouvé la mort (d'après le site http://batmarn2.club.fr/63dicoin.htm sur la seconde bataille de la Marne (mai à août 1918))
LA 63EME DIVISION REPREND COINCY ET SAPONAY
Le 16 Juillet 1918 la 63ème DI est affectée, en provenance de la IVème, à la VIème Armée, 2ème CA. A partir du 17 Juillet elle est transportée par camion et voie ferrée dans la région Marolles-en-Brie et Choisy-en-Brie; préparatifs de l'offensive.A partir du 20 Juillet, engagée à l'est de Neuilly-Saint-Front, le 23 Juillet combats pour Coincy, le 28 progression jusqu'à l'Ourcq entre Fère-en-Tardenois et Trugny. Du 22 Juillet au 2 Août, tentative pour franchir l'Ourcq et prise de Saponay. 3 Août retrait du front. La 63ème DI est dissoute après ces combats compte-tenu de ses pertes.
Mr René Crochard, historien de Coincy a recueilli les journaux de marche des régiments de la 63ème DI : 216ème, 298éme, 305ème RI, 216 RA (75), auprès de Monsieur F. Noailles de Clermont-Ferrand, dont le père, Mr Jean de Noailles a été inhumé à la Côte 141 en juillet 1918.
De plus la 63ème DI possédait un groupe du 113ème RA (Artillerie Lourde) et une Brigade du 14ème Chasseurs.
La 63ème DI attaque à l'est avec à sa gauche la 2ème DI, à sa droite la 47ème DI.
SOUVENIR DU GENERAL ECOCHARD QUI COMMANDE LA 63EME DI EN JUILLET 1918
La 63ème DI est retirée, dans la nuit du 15 au 16 juillet du secteur ouest-Argonne, où la grande attaque allemande ne s'était pas étendue jusqu'elle, la division est enlevée, moitié en auto, moitié en chemin de fer dans la nuit du 16 au 17. Dès l'après-midi du 17 ses premiers éléments arrivaient sur le théâtre des opérations de l'armée Degoutte, prolongeant au sud l'armée Mangin. L'ère des vigoureuses offensives, exigeant de continuels et rapides déplacements d'unités, venait de s'ouvrir.
Suivant pas à pas les troupes engagées dans l'attaque déclenchée le 18 par les 6e et 10e armées, la division entre en ligne sur le front des 2e et 47e DI dans la nuit du 20 au 21 juillet, avec deux bataillons du 298e. Opération des plus délicates dans l'obscurité, sur front mal défini, avec une artillerie dont l'action ne pouvait être encore que mal assurée, des liaisons précaires avec les unités voisines ou à relever...
Voilà cependant, aidée par les chars d'assaut, nos fantassins au-delà du ruisseau de Latilly. La ferme de VanriIle, la ferme Triange, la vallée de Villon sont dépassées; et l'avance est déjà si rapide qu'elle devient la cause de l'erreur navrante d'une de nos batteries à longue portée tirant trop court.
Le 22, la résistance de l'ennemi s'accentue. I1 fait tête sur la contre pente boisée de la large croupe découverte au sud du château de Montigny. Impossible de déboucher. Mais une violente concentration de l'artillerie de la 63e DI, aidée par celle de la 47e DI écrase pendant deux heures le centre de la résistance. Les Allemands lâchent pied, et le 298e, qui dans un seul boqueteau a pris dix-huit mitrailleurs, était le soir même sur le ru Garnier.
Le 23 juillet, commence la série des durs combats où, jusqu'au 25, vont être engagés tour à tour, le 305e, le 216e et le 298e RI. Cette côte 141 qui en fut le principal enjeu, marque bien, pour la 63e division, le point culminant de la lutte, et c'est avec raison que son emplacement a été choisi pour rappeler la bataille qui libéra la région de Coincy. - L'ennemi, menacé d'un désastre par l'encerclement d'une partie importante de ses forces, faisait tête avec désespoir. Et nous avions, nous, le devoir de le frapper sans trêve, pour l'empêcher de se ressaisir et faire cesser au plus tôt la guerre dévastatrice et odieuse qu'il nous avait imposée.
Les coups redoublés coûtent cher dans ces périodes de lutte, où les fluctuations de la ligne de combat rendent plus aléatoire la coopération de l'artillerie, où les chars d'assaut sont à bout de souffle, où la mitrailleuse règne en maîtresse sur le champ de bataille.
Nos mitrailleurs en ont fait l'expérience entre le ru Garnier et le chemin de fer de La Ferté-Milon, sur ce terrain découvert, vu et battu de tous les côtés... Et le sang de la 63e DI abreuva la côte 141
Les Allemands cèdent enfin; et, encore que la Poterie, la Carrière, la Croix de Fère, la ferme Misére, Villeneuve-sur-Fère, le carrefour empuanti du Coq Hardy, Bellefontaine, la ferme Combernon ne soient pas sans rappeler des heures pénibles, la DI atteint assez vite l'Ourcq qu'elle borde le 29 juillet, après une opération heureuse du 305e qui fait 100 prisonniers.
Mais, malgré certains autres succès locaux, dont l'un rapporta un bon lot de prisonniers au 216e, le débouché sur la rive droite défendue par une ligne de mitrailleuses remarquablement organisée, nécessite de nouvelles journées de sévères combats (ferme Corbeau, le pont du chemin de fer).
De l'observatoire de la côte 174, où je suivais l'action j'eus plusieurs fois la douleur poignante de voir la faux des armes automatiques joncher de bleuets sanglants les vertes prairies de la vallée. Et ce n'est que dans la matinée du 2 août que l'ennemi se dérobant enfin à notre pression, nous pûmes entrer dans Saponay.
Mais les opérations prennent alors l'allure de la poursuite ; et, lorsqu'elle fut relevée le 3 août, la division allait atteindre, avec ses éléments de cavalerie, la vallée de la Muze.
Cette prise de la côte 141 et du Coq Hardy indique bien le point final de la seconde bataille de la Marne, le maréchal Foch interrogé sur le lieu où il convenait de dresser son monument commémoratif indique la butte Chalmon, les vainqueurs d'hier traversent l'Ourcq en direction de CramailIe et Saponay à la poursuite de l'ennemi.
Les fantômes sortent de leur tombeau pour acclamer les vainqueurs.
Les trois divisions, 2ème, 63ème et 47ème doivent atteindre la voie ferrée.
EXTRAITS DU JOURNAL DE MARCHE DU 216e R.I.
21 juillet :
Ordre n° 2 : la 63e D.I. a pour objectif la croupe au sud du château de Montigny où toutes mesures seront prises pour interdire dès le jour tout mouvement sur la route Breny - Château-Thierry.
Départ à 4 h 45. Dispositif : 298e en avant avec 2 bataillons en ligne, en arrière 216e à gauche, 305e à droite. Le 216e traverse un premier tir de barrage entre la lisière du bois de Latilly et le ruisseau du Wadon. 7 h 20 : la crête à l'est du ruisseau est atteinte.
9 h : le 298e ayant subi des pertes sévères, le commandant Prévot du 216e prend à son compte l'attaque de la croupe au sud du château de Montigny. I1 atteint le premier objectif à 10 heures malgré le tir des mitrailleuses ennemies qui nettoie le bois et prend aussi Le château de Montigny car la 2e D.I. qui devait s'en emparer est en retard.
Le premier objectif seul aura été atteint dans la journée du 21 mais il l'aura été dans des conditions particulièrement remarquables que l'on ne peut décrire autrement que : manoeuvre d'infanterie sans appui de l'artillerie. L'ennemi a été délogé de fortes positions malgré ses tirs d'artillerie et ses rafales de mitrailleuse. Quatre allemands (98e R.I., 130e: R.I., 135e' R.I.) ont été faits prisonniers.
Pertes : Tués Blessés Disparus Officiers : 1 1 0 Troupe : 8 122 2 22 juillet
Ordre n° 14 : la D.I. a pour objectif :
1) Coincy qui n'a pas été atteint la veille
2) Fère-en-Tardenois
Le 298e regroupé doit de nouveau prendre la tête du mouvement, le dispositif de la D.I. est le même que celui de la veille. Le 298e se met en marche à 5 h 40 mais il ne peut progresser. L'ennemi a transformé en centre de résistance les buttes de Marmont, de la Pelle à Four et de la Haie; ce sont là de véritables nids de mitrailleuses.
Pour les réduire, un tir de concentration est exécuté de 9 h à 10h30. I1 faudra néanmoins toute la journée pour les encercler. Le résultat est atteint à la nuit. La journée s'est passée en attente pour le 216e R.I. Le P.C. du régiment est installé route de La Croix à Latilly à 1.500 mètres au sud-ouest de La Croix.
5e Bataillon : bois du Mesnil
4e Bataillon: entre ce bois et le ruisseau de Villon
6e Bataillon : vallée du Wadon
Bombardement presque continu d'obus toxiques et explosifs.
Pertes : Tués Blessés Disparus Officiers : 1 1 0 Troupe : 11 98 0 23 juillet :
Le 305e R.I. a pour mission de pousser une pointe vers Coincy en enlevant la Côte 141, mais il ne peut progresser.
Pertes : Tués Blessés Disparus Officiers : 0 0 0 Troupe : 38 28 0 24 juillet :
Ordre n° 18 : attaque de la Côte 141(Ouest de Coincy)
Le 23 à 21 h le 216 reçoit l'ordre de relever le 305e R.I. et. de reprendre l'attaque de la Côte 141 le lendemain à 4 h05. Les bataillons sont placés pendant la nuit sur leur base de départ. 5e à gauche, 4e à droite sur une ligne située à environ 200 mètres à l'est du ru Garnier, 6e en lisière est du bois de la Haie.
Notre artillerie fait pendant la nuit et par intermittence des tirs de harcèlement puis un feu nourri sur l'objectif à 3 h 50. A 4 h 05, les 4e et 5e: Bataillons se lancent à l'assaut. D'un premier bond, le 5e se porte à 150 mètres de la route d'Armentières à Coincy, un deuxième bond l'amène sur cette route.
L'élan des hommes est merveilleux, mais l'ennemi qui possède de nombreuses mitrailleuses fait des vides dans nos rangs. Le chef de bataillon Prérat est blessé. La 17e Compagnie est décimée, tous ses officiers sont tués ou blessés.
A droite, la 15e Compagnie a atteint aussi la route de Coincy à Armentières où elle est arrêtée par les feux des mitrailleuses partant du sommet de la côte. Résolu à en finir et à vaincre la résistance ennemie, le capitaine Michot de la 18e Compagnie fait sonner la charge et s'élance avec une première vague. La deuxième suivra à 50 mètres.
La route est à peine passée que des feux d'enfilade partant de la droite et de la gauche déciment le reste du 5e Bataillon. L'ennemi caché dans les blés se dévoile et prononce une contre-attaque essayant de tourner le 5e Bataillon par la gauche en s'infiltrant dans le petit bois au nord-ouest de la côte. Quelques confusions en résultent, plusieurs de nos hommes sont faits prisonniers, les autres parviennent à se dégager et à se replier. Le capitaine Michot se défend revolver au poing, toute sa liaison tombe autour de lui, lui-même entouré de tous côtés est saisi à la gorge et fait prisonnier.
La situation est alors la suivante. Le 6e Bataillon est placé sur les pentes ouest de la Côte 141 il est en liaison à gauche avec le 8e R.I., à droite avec le 4e Bataillon du 216e. Notre première tentative pour enlever la Côte 141 a échoué, l'ennemi s'attendait à notre attaque. Depuis 2 h du matin, son artillerie effectuait des tirs de contre-préparation sur nos positions et `déjà ses mitrailleuses balayaient le plateau.
En outre, notre préparation avait été hâtive, l'ordre d'attaque parvenait seulement à 21 heures au régiment et les bataillons étaient à 3 kilomètres de leur base de départ. La 324e Compagnie des chars devait appuyer le mouvement, il n'a pas été possible d'entrer en liaison avec elle.
Dans l'après-midi, le P.C. du régiment est poussé au ru Garnier. L'ordre est remis dans les compagnies, mise en place des réserves. A 17 h, le 8e R.I., qui était à gauche, ayant prononcé une attaque victorieuse, il en résulte pour l'ennemi un désarroi mis immédiatement à profit par le Commandant du 6e Bataillon du 216e lequel donne l'ordre à son bataillon de reprendre aussitôt la marche en avant.
Les 21e et 22e Compagnies se portent résolument à l'avant, dépassent la Côte 141 et atteignent rapidement la voie ferrée au nord de Coincy. Dans leur progression, elles cueillent près de 200 prisonniers libèrent le sous-lieutenant Néris et prennent plusieurs mitrailleuses et mitraillettes.
De son côté, le 4e Bataillon, sous le commandement du capitaine Vial, progresse aussi et atteint la voie ferrée, une halte de quelques instants, puis la poursuite continue jusqu'au ru de Lupu (côte 118) où le contact est repris avec l'ennemi en fuite. Là c'est une patrouille de cyclistes ennemis qui est dispersée, deux d'entre eux sont faits prisonniers. Cette patrouille avait pour mission de protéger une batterie ennemie qui tombe entre nos mains.
Notre progression s'arrête là pour la journée, une avance de 2,500 kilomètres a été réalisée, quatre canons sont restés sur le terrain, nombre de mitrailleuses et de mitraillettes sont prises, près de 200 prisonniers des 98e, 130e et 155e R.I. sont restés entre nos mains .
La journée eut été belle pour le régiment si elle n'avait été attristée par des pertes sévères. Quatorze braves du 6e Bataillon font à eux seuls 80 prisonniers. L'aide-major Clarac apprenant que de nombreux officiers sont restés sur le terrain, se porte sur l'emplacement, il est fait prisonnier. L'aspirant Leurmet de la 15e Compagnie blessé très grièvement conserve un calme remarquable, contient ses cris malgré la souffrance et reçoit des mains du Général de division la médaille militaire.
Le soldat Lautel assure sous un feu meurtrier la liaison entre le poste avancé de sa compagnie et le bataillon. Les soldats Deprèle et Lestat de la 13e Compagnie voient un mitrailleur allemand, s'élancent vers lui, le tuent et ramènent la mitrailleuse. Bien d'autres noms pourraient être ajoutés. Chacun a fait son devoir.
Pertes : Tués Blessés Disparus Officiers : 7 9 3 Troupe : 102 298 77
Marcel Mougin fait partie de ces 102 hommes de troupe morts à la Côte 141. Cette jounée du 24 juillet 1918 sera la plus meurtrière pour ce régiment lors de ces différentes attaques oragnisées au cours de ce mois de juillet.
Le reste de l'histoire de la seconde bataille de la Marne se fera sans lui et sans tous les autres soldats victimes de la prise de la Côte 141.
25 juillet :
Le régiment essaie de continuer sa progression mais l'ennemi qui a de nombreuses mitrailleuses dans les blés et dans les bois versant sud-ouest de la côte 174 résiste. Le 25 à la nuit, le 216e passe en réserve de la D.I. et occupe la côte 200 à l'est de Coincy.
Pertes : Tués Blessés Disparus Officiers : 1 0 0 Troupe : 7 40 0 26 juillet :
Côte 200 violents bombardements ennemis par obus explosifs et toxiques.
Pertes : Tués Blessés Disparus Officiers : 1 1 0 Troupe : 3 16 0 27 juillet :
Le 6e Bataillon du 216e se porte à la Poterie où il est en réserve. Le 27 au soir, ordre de partir en avant et de s'intercaler entre le 298e et le 328e R.I. Axe de marche : côte. 200 - Chantraine. Le 5e Bataillon réduit a l'effectif d'une compagnie est joint au 4e Bataillon. Le régiment se met en marche vers 19 h en liaison avec le 298e à la lisière ouest de Villeneuve-sur-Fère et avec le 388e R.I. à la Louarde, avant-garde jusqu'à proximité du pont de Fère-en-Tardenois.
28 juillet :
Même emplacement. L'ennemi résiste sur Fère et Saponay.
EXTRAITS DE L'HISTORIQUE DU 298e R.I.
20 juillet 1918
Le régiment se trouve derrière les premiers éléments engagés de la 47e D.I. dans la région de Monne. 19 heures - ordre de se porter le plus tôt possible à Latilly et sur le ru Wadon.
21 juillet 1918
Après marche d'approche de nuit gênée par tir harcèlement de l'ennemi sur bois Latilly et route Neuilly-St-Front - Latilly a placé à 3 heures en première ligne deux bataillons le 5e à droite, le 4e à gauche; en deuxième ligne : le 6e Bataillon. A 4 h 10, aucun tir d'artillerie n'étant déclenché, le lieutenant-colonel Gendre prescrit au 5e Bataillon de se porter à l'attaque, transmet même ordre au 4e Bataillon qui le reçoit à 4 h 30.
Attaque du 5e bataillon.
Dès que la première ligne tirailleurs a dépassé crête est de Latilly, elle est accueillie par violents feux de mitrailleuse. Chef de bataillon fait avancer chars d'assaut et les fait appuyer à gauche par une section de la 19e Cie qui doit se porter par infiltration à la ferme de Vareille que l'ennemi abandonne ainsi que deux mitrailleuses.
A droite, 18e Cie s'infiltre sur ferme de Triange qu'elle enlève ainsi que croupe est jusqu'au chemin de terre Bonnes à La Croix-sur-Ourcq. De là, les hommes aperçoivent une batterie de 77, se repliant à travers les boqueteaux de la vallée du Villon, et abattent l'attelage de la dernière pièce qui reste entre leurs mains.
Lisière du bois de la vallée de Villon forte résistance. C'est par infiltration dans les blés que les 18e et 19e Cies parviennent à franchir le barrage et avec appui tanks réussissent à s'emparer à 11 h du bois au nord-ouest de la ferme de Grisolles. A 13 h première ligne de tirailleurs a atteint son objectif abords route Grisolles - La Croix-sur-Ourcq.
Attaque du 4e bataillon
Le 21 juillet à 4 h 30, à peine aborde-t-il le plateau entre La Croix-sur-Ourcq et le ruisseau Wadon qu'il est accueilli par feux de mitrailleuse. La première ligne s'élance et capture 1 officier et 20 hommes. Sur tout le front du bataillon, l'ennemi lâche pied et disparaît dans la vallée du Villon.
4e Bataillon dévale pentes - 13e Cie est prise en écharpe sous feux partant de boqueteaux près de La Croix-sur-Ourcq. Bois encerclés, 18 prisonniers. La compagnie poursuit jusqu'à route La Croix - ferme de Triange. Il est environ 5 h 30, la 15e Cie rejoint.
La progression continue rapidement. La 13e Cie aborde lisière sud parc château de Montigny tournant par le nord le bois du Mesnil que la 15e Cie nettoie rapidement. Vers 13 h l'ennemi après un violent bombardement déclenche une contre-attaque et refoule les défenseurs du bois. La lutte se poursuit toute la journée.
A un moment vers 17 h, l'ennemi parvient même à la lisière ouest du bois, mais à la nuit après tir de notre artillerie, le 4e Bataillon est définitivement maître du bois du Mesnil. Pendant la nuit, l'ennemi exécute de violents tirs de harcèlement avec obus explosifs et toxiques sur nos positions de la vallée du Villon.
22 juillet 1918
L'attaque continue dans la direction de Coincy. En raison des pertes, le 4e Bataillon est en réserve et le 6e Bataillon prend à son compte l'attaque du bois de la Haie. A droite, le 5e Bataillon poursuit sa progression.
Attaque du 5e bataillon.
Le 5e Bataillon franchit la ligne de départ avec objectif Coincy. Dès le départ, réaction ennemie très violente par artillerie et mitrailleuse et les compagnies doivent stopper devant bois ouest route Rocourt - Breny. Le bataillon emploiera la journée à faire tomber les résistances et ce n'est qu'à 18 h 30 que la 17e Cie réussit à pénétrer dans Rocourt avec les chasseurs du 54e Bataillon. Elle occupe la route Rocourt - Breny depuis partie nord de Rocourt jusqu'au gué sur ru Garnier.
La 18e Cie profitant d'une concentration d'artillerie sur la butte de Mermont pénètre dans le bois enlevant 6 mitrailleuses. Elle poursuit son mouvement vers le bois de la PeIle à Four qu'elle enlève en prenant 14 mitrailleuses.
Attaque des 6e et 4e bataillons
Le 6e Bataillon chargé de l'attaque du bois de la Haie s'est formé pour 3 h 45 entre bois du Mesnil et bois N.-O. ferme de Grisolles. Le plateau à traverser est terriblement battu par artillerie et mitrailleuses. Première attaque arrêtée, fortes pertes. Le Colonel prescrit à 4e Bataillon d'appuyer l'attaque du 6e Bataillon en débordant le bois de la Haie par le nord en passant par le parc du château de Montigny.
Le bataillon se prépare à l'attaque à l'abri des vues à l'Ouest de la crête au sud du château de Montigny. Pendant que ses mitrailleuses criblent de balles l'objectif, le bataillon s'élance baïonnettes au canon dans le bois qu'il aborde par le nord. Les mitrailleurs ennemis n'ont pas le temps de se mettre en action et le barrage d'artillerie ne se déclenche qu'après le passage du bataillon.
Nettoyage de la partie nord du bois par 13e Cie vivement mené. L'attaque du 4e Bataillon permet au 6e Bataillon d'attaquer à son tour. A 10 h 30, la 22e Cie aborde la lisière ouest du bois appuyée par la 21e qui capture 16 prisonniers. A 11 heures, bois de la Haie complètement occupé. A partir de ce moment, artillerie ennemie exécute tir concentration violent sur bois de la Haie, bois Pelle à Four, butte de Marmont.
23 - 24 juillet
Soutien du 305e et du 216e qui attaquent la côte 141.
25 juillet
Le 298e s'est porté pendant la nuit à hauteur de la côte 200 à l'est de Coincy à la droite du 216e. Ordre est donné de reprendre progression dans la direction de Villeneuve-sur-Fère.
Attaque du 4e bataillon
A 7 h, le bataillon se porte en avant, progresse par petites colonnes à travers taillis épais du bois de la Tournelle. A 10 h, il atteint le carrefour des chemins au nord côte 200. La droite du bataillon doit s'arrêter sous feu très violent de mitrailleuses.
A gauche, la 13e Cie continue de progresser liée au 6e Bataillon.
Attaque du 6e bataillon
A peine parti, le bataillon est arrêté par feu de mitrailleuse à l'intérieur du bois. Le Colonel prescrit de pousser résolument jusqu'à la lisière est du bois. Renforcé par 13e Cie, le bataillon se porte rapidement en avant et se heurte à des nids de mitrailleuses qu'il surprend par suite rapidité avance.
A 10 h, bataillon atteint lisière nord-est du bois de Vendières s'emparant de nombreuses mitrailleuses et de 2 batteries de 77. A droite et à gauche, les voisins n'ayant pu progresser, le 6e bataillon occupe un saillant très prononcé. A la nuit, l'ennemi contre-attaque et parvient à la lisière du bois, mais il est repoussé.
26 juillet
6e Bataillon organise terrain sous feu mitrailleuses et artillerie. Le 4e Bataillon fait plusieurs tentatives mais ne peut progresser que de quelques centaines de mètres.
27 juillet
L'ennemi se replie devant 4e Bataillon qui envoie immédiatement patrouille sur Villeneuve-sur-Fère. 5e Bataillon pousse avant-garde jusqu'à la ferme de Combernon.
28 juillet
5e Bataillon pousse avant-garde jusqu'à l'Ourcq. Dès 8 heures, 17e Cie occupe ferme Parchy et ferme Rollequin.
29 juillet
5e Bataillon se porte tout entier par infiltration au nord de l'Ourcq en liaison à gauche avec le 305e qui doit attaquer Saponay et à droite avec 62e D.I. qui a pris pied dans Fère-en-Tardenois. Toutes les tentatives du 5e Bataillon pour progresser entre Saponay et le bois de Saponay sont arrêtées net par feux de mitrailleuses.
30 juillet
Nouvelles tentatives infructueuses sur Saponay. Les compagnies du 298e protègent le flanc des voisins par leurs mitrailleuses entre moulin du Corbeau et ferme Rollequin.
31 juillet - 1er août
6e Bataillon relève le 5e. 6e Bataillon organise le terrain et agit par mitrailleuses et mortiers sur bois Saponay et Fère-en-Tardenois.
2 août
Les patrouilles trouvent le bois de Saponay vide. A 11 h le 4e Bataillon occupe la ferme de Vaux. Premiers éléments de la 41e D.I. arrivent à Vaux.
4 août
Le 298e se rassemble à Coincy.
EXTRAITS DU JOURNAL DE MARCHE DU 305e R.I.
A 0 h 20 enlèvement en T.M. Débarquement route de Boullare à Etavigny (Oise). 6e Bataillon cantonné à Etavigny.
18 juillet 1918
A 3 h 30 régiment reçoit ordre se tenir prêt à occuper position de combat à cheval sur route Bourneville à Vaux-Parfond. 63e D.I. est en réserve du 2e C.A. et pourra être appelée à exploiter succès au cas où on obtiendrait rupture du front. A 8 h 30 arrive ordre exécuter le mouvement, régiment doit être en place à 13 h.
A 15 h ordre de porter régiment en position attente au sud du ru 1'Alland. 6e Bataillon à la lisière du bois entre route St-Quentin d'Alland à Chay et ruisseau d'Alland. A 21 h 45 régiment se porte sur pente du ravin Fontaine de Vailly, route de Louvry à Chézy. 6e Bataillon est au nord sur pente est du ravin.
20 juillet 1918
Le régiment se porte au ravin nord de Chevillon entre Chevillon et le ru Alland. Le 298e R.I. avant-garde se porte versant ouest croupe bois de Latilly, sud de la route de Neuilly-St-Front - Grisolles en passant à l'est du ruisseau de Monnes, contournant la côte 167 par le nord.
21 juillet 1918
Le 298e R.I. attaque, heure H, 3 h du matin. 12 h, 6e Bataillon du 305e occupe lisière ouest bois de Latilly.
22 juillet 1918
6e Bataillon du 305e suit derrière le 4e Bataillon du 305e la progression du 298e R.I.. A la tombée de la nuit, lieutenant-colonel Couranjou est mandé par Général commandant la Division. I1 rejoint son P.C. à 23 h pour préparer attaque qu'exécutera le 305e CM6 et CM4 du 305e prennent position à 150 m nord-est ferme de Triange pour tir indirect sur forêt de la Haie et bois de la Pelle à Four.
Ordre du jour N° 15Demain 23 juillet à 3 h 55 le 305e R.I. attaquera en partant de route Breny - Rocourt dans la direction de la côte 141 - La Poterie, dans le but de rompre les arrière-gardes de l'ennemi et de hâter sa retraite. Son action se liera à une attaque menée Parallèlement par la 47e D.I.; elle-même appuyée par le 7e C.A., elle sera protégée au nord par l'artillerie de la 2e D.I.
Base de départ route de Breny - Rocourt entre 0603 et N° UL carte au 1/50.000" clef 322. Objectif: mamelon côte 141 et voie ferrée entre R'CO et R 300. En fin d'attaque le 305e tiendra le mamelon côte 141 et se reliera au 298e vers la Haie et à !a 47e D.I. vers la station de Coincy. 298e prend position pour neutraliser mitrailleuses ferme de la Haie .
Signé ECOCHARD
23 juillet 1918Ordre d'opération : 305e va attaquer zone délimitée par :
au nord : ligne fictive partant de la route nationale Breny-Rocourt à environ 200 m sud-ouest de la Haie et aboutissant à la carrière 1500 m au nord de Coincy.
au sud : ligne fictive partant de la route nationale Breny - Rocourt près du pont du ru Garnier au nord et aboutissant ferme de Chenevières 500 m au nord de Coincy.
Objectif : la voie ferrée
La route nationale servira de base de départ. Bataillons de 1ère ligne devront y être rendus à 3 h du matin. Deux bataillons en ligne. 4e à droite (sud) - 6e à gauche (nord) ligne de démarcation entre les deux bataillons passant est route nationale à la bifurcation des chemins de terre allant l'un de Rocourt à la Haie, l'autre de Rocourt à Armentiéres, passant ensuite à 150 m au sud de la côte 141.
Chaque bataillon formera trois vagues qui seront placées initialement sur les deux côtés ainsi qu'à l'ouest de la route nationale. Barrage artillerie de 3 h 45 à 3 h 55. Deviendra roulant à 3 h 55 allant de 100 m en 2 minutes, 200 mètres entre chaque vague, 4 tanks à la ferme de Grisolles. 5e Bataillon se rendra pour 3 h dans ravin à 300 m ouest route nationale.
23 juillet 1918
A 3 h les Bataillons 4 et 6 sont en place. Les vagues d'assaut se portent magnifiquement à l'attaque, dépassant très vite la côte 141 et poussent vers la voie ferrée. A ce moment, elles sont prises de face et de flanc (bois de Flache et côte 122) sous tir mitrailleuses et tir artillerie tous calibres. Pertes sévères tant en officiers qu'en hommes de troupe. Les hommes s'accrochent subissant pendant plus. de 3 h un marmitage effroyable.
Ils sont rejetés par une contre-attaque ennemie du sommet de la côte 141 mais l'ennemi ne peut pousser plus loin son avance, retenu par les éléments qui luttent aux alentours de la côte 141. A partir de 14 h, l'infanterie allemande épuisée n'ose plus avancer, par contre son artillerie et ses mitrailleurs installés sur la côte 141 bois de Flache et côte 122, balaient sans trêve la plaine où toute progression est impossible. L'attaque de la D.I. de droite n'a pu progresser. Les troupes organisent terrain pendant que 17e Cie se porte au ravin du ru Garnier pour assurer liaison entre 4e et 6e Bataillons.
24 juillet 1918
Au petit jour reprise attaque par 216e R.I. 4e et 6e Bataillons du 305e sont relevés et vont se former dans les bois du Mesnil. Dès 14 h des renseignements font prévoir la retraite de l'ennemi. La 63e D.I. reçoit ordre de pousser en direction de Fère-en-Tardenois. 305e R.I. est en réserve de D.I. le régiment suit la progression des 216e et 298e. Pertes minimes.
25 juillet 1918
Dans la nuit 5e Bataillon du 305e se porte le long de la voie ferrée Coincv à Armentières. 4e Bataillon est à hauteur route Rocourt - Breny. 6e Bataillon est en réserve côte 157 ensuite en soutien au sud Croix de Fère. Pertes légères.
26 juillet 1918
5e Bataillon par sa gauche s'appuie chemin de terre Coincy-Bruyères. 4e Bataillon par sa gauche chemin de terre de la Carrière au Coq-Hardi. 6e Bataillon en liaison à droite avec 4e sa gauche à hauteur moulin de la Poterie, à 400 m à l'est de la route La Poterie - Nanteuil assure liaison avec 11e R.I. Pertes légères
27 juillet 1918
La D.I. de gauche fait savoir que l'ennemi se retire. Ordre est donné de se porter en avant. 5e Bataillon dans zone bois de Chinchy - ferme de Bellefontaine et route Coincy -Fère-en-Tardenois. 6e Bataillon dans zone sud route Coincy - Fère-en-Tardenois lisière sud Bruyères exclue et lisière sud de Trugny exclue. Objectif atteint vers 22 h 30.
5e Bataillon occupe ferme Bellefontaine en liaison à droite avec 298e. 6e Bataillon est à lisière bois de Bruyères. 5e Bataillon a poussé une avant-garde jusqu'à la ferme de Combernon. 6e Bataillon en avant-garde vers route Saponay - Villeneuve à mi-chemin entre voie ferrée et route Fère-en-Tardenois. P.C. Colonel à auberge Coq-Hardi. Pertes légères
28 juillet 1918
Mouvement en avant doit reprendre. 5e Bataillon rassemble ses éléments pour s'établir par sa droite le long du chemin de fer, du passage voie ferrée sur route Villeneuve - Saponay et à gauche aux abords de Trugny. Poussée éléments avancés le long de l'Ourcq. 6e Bataillon reste en place.
29 juillet 1918
305e doit suivre en arrière et à gauche mouvement du 298e qui doit occuper Saponay mais ne doit pas le dépasser. Armée Mangin progressant sur la rive droite de l'Ourcq, le 305e est chargé d'attaquer Saponay et rechercher liaison avec 11e C.A. vers croupe 137 et la Râperie. Ordre est donné à 11 h 25 à une compagnie du 5e Bataillon de continuer sur moulin du Corbeau pendant que reste bataillon passe l'Ourcq au nord-est de Trugny.
4e et 6e Bataillons suivent progression à 1000 mètres. 5e Bataillon a quelque peine à franchir voie ferrée, nombreux nids de mitrailleuses. Mouvement d'encerclement oblige ennemi à fuir. Capture de 1 officier (capitaine) et 97 prisonniers. Passons Ourcq - Progression arrêtée nids de mitrailleuses - Pertes sensibles.
30 juillet 1918
Ordre d'avancer sur route Trugny - Cramaille pour opérer liaison avec 42e R.I.. 5e Bataillon reprend attaque vers Saponay, réussit à s'infiltrer dans le boqueteau à l'ouest du ravin. Une contre-attaque le rejette mais il tient solidement tête de pont au nord-est de Trugny et au moulin du Corbeau.
31 juillet 1918
5e Bataillon tient rive nord de l'Ourcq de moulin du Corbeau à boucle 99 près de Trugny. 4e Bataillon appuie à droite côte 130 route Villeneuve à Saponay. 6e Bataillon à gauche du 5e Bataillon occupe voie ferrée entre Trugny à l'ouest et le passage en dessus à l'est. 5e Bataillon éprouvé est mis en réserve
2 août 1918
4e Bataillon au nord route de Fère-en-Tardenois 500 m du Coq-Hardi . 6e Bataillon dans le bois sud de la côte 174 au Nord du ru de Lua. 298e et 216e poursuivent ennemi en direction de Loupeigne.
3 août 1918
Retrait du front, le 13 août le 305e sera dissous.
Pertes : Officiers : Sous/Officiers Caporaux Soldats Tués 9 16 26 131 Blessés 13 56 66 480 Disparus néant 5 7 63
216EME REGIMENT D'ARTILLERIE DE CAMPAGNE (75)
17 juillet 1918
Alertées le 16 au soir, après une nuit d'attente, les batteries embarqueront le 17 au matin près d'Auve à partir de 5 h. Sur chaque camion on charge : 1 canon et 1 caisson ou 3 chevaux ; le personnel des pièces embarque en camionnettes et à 10 h la colonne se met en route à destination de Meaux, vers la région où la bataille fait rage : étape pénible par une température lourde sur les grandes routes de Champagne et d'Ile de France. Les vivres d'embarquement n'ont pu être touchés à temps, les hommes vivent d'expédients sur les vivres du jour qu'on économise et conservent, malgré ces fatigues toute leur bonne humeur, amusés par la nouveauté de ce mode de transport.
Par Châlons-sur-Marne, Champaubert, Montmirail, La Ferté-sous-Jouarre, le régiment commence à arriver à Meaux à la tombée de la nuit ; de Meaux, il remonte vers le nord dans la région de Betz.
18 juillet 1918
Le 1er groupe débarque à 7 h du matin à Boullers, le 2e groupe débarque à l'est de Betz à Andilly et Thury-en-Valois vers 5 h. Le 3e groupe à Betz.
Vers 7 h tout le régiment vient bivouaquer au nord de Bourneville à 3 km au sud-ouest de La Ferté-Milon. Les échelons débarqués au Plessis-Belleville rejoignent le régiment sauf ceux du 1er groupe qui ne rejoindront que le 19 à Chézy-en-Orxois. Le régiment est bivouaqué à proximité des positions de batteries qui ont été abandonnées à la suite de l'offensive qui vient d'être déclenchée le matin même et qui progresse rapidement.
Vers 18 h on reçoit un ordre du jour du général Degoutte. Déjà se dessine la grande offensive, cette fameuse attaque du 18 juillet qui marque le premier recul de l'ennemi et à laquelle dès le début la 63e D.I. va prendre une part glorieuse.
Maintenant va commencer la guerre de mouvement, sur le terrain où à chaque pas on trouve la trace des combats qui viennent de se livrer. Le régiment va effectuer des mises en batteries rapides et de nombreux changements de positions pour suivre l'infanterie dans sa progression. A tout moment la situation change. Les renseignements sont difficiles à obtenir, les liaisons longues et pénibles à établir. Les tirs ne sont exécutés au début qu'à l'aide de cartes au 1/80000e. Malgré ces difficultés, malgré les missions difficiles qui sont imposées à l'artillerie, elle se trouvera toujours en mesure de donner à l'infanterie l'appui que celle-ci lui demande.
Dans ces journées pénibles par la chaleur, les déplacements fréquents, les nuits passées n'importe où, les bombardements ennemis, le moral de tous reste remarquable parce qu'il est soutenu par la vue du recul de l'ennemi, par les premières sensations d'une pleine victoire.
Le 18 juillet à 21 h ordre de départ pour 5 h du matin. Le régiment marche vers l'est.
19 juillet 1918
Le 1er groupe vient occuper une position dans les champs de blé vers la Loge aux Boeufs au nord-ouest de Dammard, le 3e groupe se met en batterie au nord-ouest de: Chézy-en-Orxois près de la briqueterie de Vailly. Les batteries dont la mission est d'appuyer l'infanterie au cas où une contre-offensive ennemie amènerait un reflux, ne tirent pas et vers 14 h le régiment effectue un nouveau déplacement vers l'est; nécessité pour la progression de l'infanterie.
Le 1er groupe par Chézy·en-Orxois vient se mettre en batterie à 400 m au sud-est de Monnes, un peu au sud vient se mettre le 2e groupe dans la région du ru d'Alland et de Chevillon et plus au sud encore le 3e groupe qui occupe une position près de la côte 172 entre St Gengoulph et Chevillon. Le régiment appuie alors la 161e D.I. qu'il avait rencontrée en novembre 1917 dans le secteur du fort de Vaux. La nuit il exécute des tirs de harcèlement sur les routes de Latilly-Grisolles et dans la région de BonnesvaIyn, tirs qui sont poursuivis dans la matinée du 20.
20 juillet 1918
Le régiment se déplace de nouveau dans la direction de l'est. Vers 10 h des reconnaissances sont faites dans la région d'Hautevesnes mais un contrordre arrive qui met le 216e à la disposition de la 63e D.I. qui va opérer au sud de Neuilly-St-Front. Des positions sont reconnues au sud de Rassy près de la route Rassy - Priez pour le 1er groupe qui vient les occuper vers 19 h ; vers 20 h, deux bombes d'avion blessent grièvement 3 conducteurs, tuent 16 chevaux et mettent le feu à l'avant-train. Le 2e groupe vient s'installer vers 22 h dans la région Cointicourt-Breuil et se déplace de nouveau dans la nuit tout près de Rassy au sud. Le 3e groupe vient également se placer dans cette région et s'installer à la tombée de la nuit à 1 km au sud-est de Neuilly-St-Front tout près de la grande route Neuilly-Latilly-Grisolles.
La mission du régiment est d'appuyer la 63e D.I. qui vient de s'emparer du bois; de Latilly et continue à progresser à l'est du ruisseau du Wadon, en direction du village de La Croix. I1 pleut une partie de la nuit, de nombreux tanks passent près des positions de batteries, se rendant aux lignes. On apprend dans la nuit l'occupation par notre infanterie des villages de La Croix et Latilly.
21 juillet 1918
Au lever du jour on est informé que notre attaque partie des lisières de Latilly progresse et on doit se tenir prêt à l'appuyer des positions actuelles. Cette progression continuant le régiment se porte en avant toujours dans la direction de l'est. Le 1er groupe vient s'installer à 10 h du matin à 900 m à l'est de Latilly près du bois du Fayet. Le 2e groupe qui avait quitté Rassy et s'était installé en position d'attente près du bois de Latilly essaie de se mettre en batterie dans le bois d'Haussoy à l'est de Latilly, mais se trouvant tout près des lignes d'infanterie (à moins de 800 m) doit rebrousser chemin sous un violent bombardement avant d'avoir pu armer complètement les positions. Il vient alors à l'est de Latilly, à 1 km à l'est de la ferme de Triange sur la lettre A de Latilly, carte au 1/80000e. Le 3e groupe dans la matinée, est venu s'installer au sud de la ferme de Triange après avoir traversé la crête de Latilly en vue de l'ennemi.
Ce jour-là, dans l'après-midi se produit un de ces accidents regrettables fréquents surtout dans la guerre de campagne. A la suite de renseignements erronés, une batterie française de 145 bombarde le régiment de 14 à 17 h et y cause des pertes sérieuses. Au 1er groupe, le commandant Delerot est grièvement blessé, 3 servants sont tués, 5 blessés, Au 2e groupe le commandant Grognot est blessé, 1 servant tué et 6 blessés. Au 3e groupe 1 officier et 2 servants sont blessés. A 17 h le tir s'arrête enfin sur les positions. Vers 20 h la 28e batterie subit un tir très précis de l'artillerie ennemie et reçoit de nombreux obus à gaz.
Pendant ce temps l'infanterie progresse toujours dans la direction de l'est, vers le ru Garnier mais elle rencontre une sérieuse résistance. Le bois du Mesnil n'est enlevé qu'après une lutte acharnée.
22 juillet 1918
L'attaque continue. A 3h 45 l'infanterie part du plateau à l'est de Latilly avec Coincy pour objectif. Les batteries exécutent des barrages roulants et des séries de tirs de harcèlement et de concentration en avant de vagues d'assaut. sur les routes Rocourt Breny, le ru Garnier, le bois de la Haie, Coincy. L'objectif fixe n'a pu être atteint et tout l'après-midi les tirs reprennent sur les bois de la Haie où l'ennemi résiste. L'infanterie atteint le ru Garnier dans la nuit du 22 au 23.
23 juillet 1918
A l'aube l'infanterie reprend son attaque pour atteindre le village de Coincy. Pendant la matinée, les batteries exécutent des barrages roulants sur la COTE 141 et La Poterie. L'infanterie ne peut atteindre ses objectifs et s'accroche aux pentes de la Côte 141. Le régiment se porte alors en avant et revient s'installer dans une région de positions de batteries ennemies qui ont été contre-battues avec efficacité par notre artillerie.
Vers 13 h, le 1er groupe se porte au nord de la route de Latilly à Grisolles, à 600 m au nord-ouest du cimetière de Grisolles qui sert d'observatoire et est violemment bombardé. La mise en batterie s'effectue vers 17 h sous la pluie. Des tanks nombreux circulent se mettant en position d'attente dans les bois voisins. Le 2e groupe vient se placer à l'est du bois d'Haussoy et le 3e s'installe dans le ravin Villon à 19 h. La mission est de battre la Côte 141, le ru de Lua, la route Coincy - Villeneuve.
24 juillet 1918
Pendant toute la nuit du 23 au 24 de nombreux tanks se rendent vers les lignes d'infanterie par la route Latilly - Grisolles et pour étouffer leur bruit, les batteries exécutent de nombreux tirs de concentration sur la Côte 141 et La Poterie. Le 24 au matin le régiment appuie l'attaque de la Côte 141 livrée par deux régiments de la division. Le 305e soutenu par le 3e groupe et le 216e soutenu par le 2e groupe.
De 3 h 15 à 6 h exécutons un barrage roulant de 3 km de profondeur allant de La Poterie jusqu'à La Croix de Fère, mais l'attaque échoue sous le feu des mitrailleuses ennemies. Pendant toute la journée, les batteries exécutent de nombreux tirs de harcèlement sur les routes de Fère-en-Tardenois, sur le ru Lua et prennent sous leur feu des détachements ennemis. L'artillerie ennemie riposte en bombardant Grisolles, le cimetière et la grande route Latilly - Grisolles.
A 10 h du soir le 1er groupe reçoit l'ordre de se porter en position d'attente au ru de Lua à l'intersection de la route de Coincy-Fére-en-Tardenois et du ru de Lua, ordre de marche des batteries: 22e, 23e avec départ échelonné d'une demi-heure. Les ponts de Coincy sont réparés par les éclaireurs.
Les deux premières batteries engagées dans le village sur indication de l'infanterie et ultérieurement de l'A.C.D. font demi-tour sous le bombardement et le feu des mitrailleuses de l'ennemi qui tient encore les pentes situées à l'est de Coincy. Après des pertes assez sérieuses le groupe se reforme sur la route Rocourt - Coincy et reçoit de nouveau l'ordre de traverser Coincy pour se porter en position d'attente au sud de la côte 200 à l'est du village. De nouveau le groupe traverse le village et subit des pertes sérieuses en hommes et en chevaux.
25 juillet 1918
Vers 6 h du matin ce groupe se trouve rassemblé dans une carrière au sud de la côte 200 en lisière du bois de la Tournelle. Toute la journée il reste là en position et subit trois bombardements, vers 10 h, 13 h et 18 h. Au soir vers 11 h, les batteries partent pour aller s'installer à l'ouest de Brécy et de la voie ferrée. Le groupe a perdu au cours de la journée 15 hommes et 80 chevaux.
Pendant la journée du 24 la Côte 141 est enfin tombée entre nos mains et le 305e R.I. progresse au nord de la côte 200. Le 3e groupe se porte également en avant dans l'après-midi. Alertées pendant la nuit les batteries se sont tenues prêtes à partir pendant toute la matinée et font mouvement à 14 h pour venir se mettre en batterie à l'ouest de la lisière du bois du Châtelet au nord de la ferme de la Genevroy.
Leur mission est de battre la région de Bruyères - Villeneuve-sur-Fère. Le groupe est prêt à tirer à 21 h. La nuit est calme.
26 juillet 1918
Pendant que les 1er et 3e groupes exécutent des tirs de harcèlement sur les carrefours de Villeneuve-sur-Fère, de Bruyères, de Chanteraine, le 2e groupe se déplace à son tour et se porte à l'ouest de la Côte 141. L'artillerie ennemie bombarde par intermittence, le ru Garnier et le voisinage des positions de batteries.
27 juillet 1918
Le régiment reste sur ses positions pendant toute la journée qui est à peu près calme. L'artillerie ennemie exécute des tirs de harcèlement parfois assez nourris sur les bois du Châtelet, sur Brécy et la voie ferrée. Mais l'activité de l'ennemi semble diminuer et on a l'impression qu'il se retire. On reçoit en effet l'avis que les Allemands battent en retraite et vers 23 h l'ordre est donné au régiment de se porter dans la région de Villeneuve-sur-Fère .
28 juillet 1918
Le premier groupe part à 4 h du matin, traverse péniblement Brécy où se produisent de fréquents embouteillages, le bois de la Tournelle où abondent des abris boches garnis de meubles transportés des villages voisins et où on rencontre de nombreux cadavres. d'hommes et de chevaux. Le groupe s'installe en batterie vers 11 h au sud de Chanteraine. Au matin le 2e groupe vient se placer à l'est de Villeneuve-sur-Fère et de la Louarde après avoir traversé Coincy bombardé. Le 3e groupe après une marche pénible retardée par les embouteillages vient se mettre en position à 800 m à l'ouest de Villeneuve. La mission du régiment est d'appuyer l'infanterie dans la direction du moulin du Corbeau et de Saponay. Des observatoires on aperçoit souvent des détachements ennemis en marche. Une colonne ennemie en retraite à l'est de Saponay est prise sous le feu par la 29e batterie qui la disperse et met ensuite le feu à un des nombreux hangars construits entre Saponay et la voie ferrée, et tire sur les groupes qui combattent l'incendie.
Pendant la nuit de nombreux tirs de harcèlement sont exécutés dans la région de Fère-en-Tardenois et Saponay. L'artillerie ennemie riposte sur la région de nos batteries et du ru Lua où sont les échelons. Des avions ennemis bombardent la route de Coincy-Villeneuve-sur-Fère et la région de l'auberge du Coq-Hardi.
29 juillet 1918
La mission du régiment est d'appuyer l'infanterie qui doit attaquer Saponay et les groupes opèrent des concentrations dans cette région. L'artillerie ennemie réagit surtout sur la 26e batterie qui vers 10 h est violemment bombardée et perd 2 tués et 4 blessés.
Mais l'infanterie progresse, traverse l'Ourcq et vient s'installer au soir à quelques centaines de mètres du village de Saponay.
Les jours suivants le régiment conserve les mêmes positions et exécute toujours des harcèlements et des concentrations dans la région de Saponay, ainsi que des tirs sur tous les objectifs fugitifs signalés par les observatoires.
30 juillet 1918
Une attaque a lieu sur la station de Fère-en-Tardenois par la D.I. de droite (62e) appuyée par nous.
1er août 1918
A 4 h du matin l'attaque sur Saponay reprend en liaison avec les divisions qui se trouvent à gauche de la 63e. Le régiment exécute des barrages roulants sur les lisières de Saponay et des concentrations sur les lisières ouest du bois de Saponay où sont signalées des mitrailleuses ennemies. Au soir on apprend que l'ennemi opère une retraite générale et précipitée sur la Vesle.
2 août 1918
De grand matin on est prévenu de la prise de Saponay et de Fère-en-Tardenois. Les régiments d'infanterie cherchent le contact avec l'ennemi. Une batterie passe l'Ourcq et va s'établir près de Saponay.
3 août 1918
Nos patrouilles de cavalerie ont dépassé Loupeigne. Les divisions qui encadraient la 63e se rejoignent. Notre division dont le front est devenu nul est retirée du front. L'ennemi en pleine retraite est maintenant à plus de 20 km de nos positions. Le régiment bivouaque sur place.
4 août 1918
Le soir même vers 22 h le régiment tout entier est rassemblé au village de La Poterie où il va attendre le moment de partir au repos.
En 18 jours, le régiment venait d'exécuter une progression de plus de 25 km en ligne droite. Pendant ces 18 jours personne n'avait goûté un seul moment de repos et c'est surtout l'impression de la défaite infligée à l'ennemi qui avait soutenu les forces de chacun.
Mais la 63e D.I. avait beaucoup souffert. Des régiments d'infanterie avaient 70% de pertes en blessés légers pour la plupart. Aussi le haut commandement prit la décision de la dissoudre plutôt que de la reformer.
Le 6 août le 216e R.A.C. apprenait non sans regret la dissolution de ces beaux régiments dans lesquels chaque artilleur comptait de nombreux camarades. Le régiment appartiendra désormais à la 1ère division polonaise en formation au camp de Mailly.